Villa Libellule
Oasis
- ZPPAUP
B ien qu'elle soit considérée, à juste titre, comme l'une des œuvres majeures de la fin du XIXesiècle réalisées à l'intérieur de l'Oasis, la villa Libellule est loin d'avoir levé le voile sur tous les secrets de son histoire. Une publicité et l'acte d'achat du lotissement par Frédéric Mange permettent de savoir qu'elle a été construite entre 1893 et 1896, et qu'elle compte parmi les neuf premières villas à avoir été élevées dans l'Oasis. Compte tenu de la qualité de son architecture, on aimerait en connaître un peu plus sur les premiers propriétaires de Libellule, malheureusement encore anonymes. Seul un banal vol de bégonias multiflores dans son jardin, permet de savoir qu'elle était aux mains, en 1913, d'une certaine Mme Bénéteau.
Entretenue avec un soin méticuleux, Libellule attire l'œil par sa situation aujourd'hui atypique puisqu'elle est posée sur un terrain irrégulier et pentu, qui semble aussi densément boisé qu'à l'origine, lors de la création du lotissement. Autant dire qu'il a fallu tout le talent d'un architecte expérimenté pour la mettre correctement en scène, à quelques mètres seulement du Nid d'Aigle. Si les archives ne sont pas très bavardes en ce qui concerne la construction de Libellule, ses pierres parlent d'elles-mêmes, malgré l'absence de signature. En effet, certains détails caractéristiques, que l'on retrouve ailleurs à Royan, en particulier à la villa Val-d'Aure, permettent d'attribuer Libellule à l'architecte Marc Roberti (voir p.380). Parmi ceux-ci, retenons, par exemple, le traitement particulier des angles, dont les pierres de taille, rehaussées de pyramidons couchés en briques, décrivent un pan coupé au rez-de-chaussée et une élégante colonnette engagée à l'étage. On peut y ajouter le dessin de quelques linteaux, la forme générale de la tour d'escalier et du bow-window, ou encore le rythme caractéristique des baies de la façade latérale, où l'on retrouve l'utilisation de la fenêtre double, qui est sans aucun doute l'un des poncifs des œuvres de Marc Roberti.
Mais au-delà de ces détails, c'est le parti général de Libellule qui nous renseigne le plus, car il ressemble étrangement à celui qui venait d'être mis œuvre à la villa France, de quelques années son aînée. Œuvre certaine de Marc Roberti, qui s'était très étroitement inspiré d'une villa modèle édifiée à Fontainebleau par l'architecte Ernest Brunnarius, cette villa du quartier de Pontaillac illustre à elle seule le rôle primordial joué à la fin du xixe siècle par les revues et autres périodiques consacrés à l'architecture, dont Libellule peut être considérée comme une héritière indirecte.
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