Villa Le Nid d'Aigle
Oasis
- ZPPAUP
Exemple par excellence de la villa ostentatoire, Le Nid d'Aigle a vu le jour au début des années 1890. Elle a été édifiée pour Maximile Sabathié et son épouse, née Élisabeth Reday. Fondateur du lotissement de l'Oasis, dont il souhaitait être le magicien pour en faire un véritable éden bourgeois romantique à souhait, Maximile Sabathié avait vu trop grand. À tel point qu'il fut obligé de se séparer dès 1897 des terrains qu'il avait aménagés, et qui auraient dû assurer sa fortune, mais aussi du Le Nid d'Aigle. L'ensemble est alors cédé à un homme d'affaire parisien, Frédéric Mange, avant de passer aux mains d'investisseurs suisses qui vont se défaire opportunément de l'Oasis en 1914, au profit de l'entrepreneur Henry Boulan (voir p.368). Entre-temps, la villa avait vécu une autre page de son histoire, avant de devenir une pension de famille.
Comme souvent dans la seconde moitié du XIXe siècle, le lotisseur s'est pris pour un petit seigneur d'Ancien Régime. À l'image de Jean Lacaze (voir p. 112), puis de son fils Athanase (voir p.80), ou de Joseph-Édouard Perraudeau de Beaufief et de Paul de Saint-Martin-Lacaze à Ronce-les-Bains, Maximile Sabathié a fait élever une orgueilleuse demeure avec de faux airs de gentilhommière qui ne trompent personne. Composée de volumes cubiques de hauteurs différentes, emboîtés dans un ordre qu'on a du mal à déterminer, la villa le Le Nid d'Aigle doit son identité à la fine tour polygonale à flèche couverte d'ardoises qui la flanque et non aux quelques créneaux et merlons* à archères* d'opérette qui masquent une partie de ses toitures. Construite en pierres de taille alors que les façades de la demeure sont en moellons enduits, c'est elle qui donne tout son sens à l'édifice, posé sur le point le plus élevé de l'Oasis.
Au-delà de son architecture un peu fantasmatique, la véritable force du Le Nid d'Aigle réside dans sa position dominante, au centre du lotissement rêvé par Maximile Sabathié. En effet, la mise en scène de sa demeure est parfaite, puisque la flèche de sa tour domine largement l'ensemble des poivrières* et des clochetons* de toutes ses potentielles rivales du Parc. Mais elle est également placée dans la perspective de l'avenue du Le Nid d'Aigle, anciennement dénommée avenue Maximile Sabathié, et du rond-point de l'avenue Maryse Bastié. Ainsi, elle dominait aussi bien, dès l'origine, la facette balnéaire que la facette urbaine du lotissement, à la manière de n'importe quel repère noble de petit hobereau provincial, alors que sa construction ne remonte qu'à la Troisième République !
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