"...les pêcheurs sont là, venant des ports de l'amont, entre mai et juillet, afin de pêcher le maigre, sciae na aquila. C'est un gros poisson blanc, à la chair ferme et presque sans arêtes, semblable aux capitaines que l'on mange en Afrique. Son poids peut aller jusqu'à 30 ou 60 kg, avec une moyenne de 10 à 20 kg. Trois zones de reproduction des maigres ont été répertoriées : le Banc des Lévriers en Mauritanie, le Delta du Nil et le Banc des Marguerites, entre Meschers et Talmont.Les maigres sont pêchés à l'oreille au moment des amours, lorsqu'ils se déplacent en bancs bruyants : leur chant guide les pêcheurs. Tout juste si ce n'est pas là l'origine du chant des sirènes ! Explication : les yoles sortent du port par groupes de trois ou quatre. Elles se dirigent vers le milieu de l'estuaire. Les pêcheurs arrêtent le moteur et collent l'oreille sur le tillac, au fond du bateau. Ils se relèvent et repartent. Nouveau manège. Soudain, un pêcheur se dresse et crie, la main en porte-voix : «J'les entend d'bout !». Les filets glissent vers le fond et sont relevés presque aussitôt. Chaque «lan» (lancer de filet) n'est pas forcément miraculeux, mais lorsque le poisson se laisse prendre, le retour vers le port est triomphal. Le débarquement des gros maigres, au sortir des petites yoles, est un spectacle haut en couleur. Pour le son, la truculence folklorique des dialogues, de yoles à pontons, est garantie... "

Extrait de "Talmont & Merveilles"
par Bernard Mounier
aux Éditions Bonne Anse.