Le Centre
Traversé par un vallon entre deux coteaux, le centre-ville est formé par un relief en amphithéâtre donnant sur l'embouchure de la Gironde. Il s'étend de la mer aux boulevards périphériques Baillet et Clemenceau. La rue des Congrès marque la limite avec Foncillon. De l'autre côté, la « Tache Verte » assure la liaison avec le Parc et la Gare. Devenu pôle essentiel de la vie royannaise avec la création de l'ancien Casino Municipal en 1894, le centre-ville doit son essor à l'arrivée du train et à l'implantation de la gare au nord-est de la ville. Détruit à plus de 85 % au moment des bombardements du 5 janvier et d'avril 1945, le centre-ville offre, en 1946, le visage labouré d'un vaste quadrilatère, nu et envahi par la végétation. Il fut alors entièrement remanié pour une meilleure répartition urbaine, plus lisible, plus aérée, mais respectueuse des grandes tendances du plan ancien et de la géographie des lieux. Deux grandes lignes vont servir à Claude Ferret de colonne vertébrale pour la nouvelle ville : le boulevard Briand, fermé par le Marché couvert, ouvre une perspective monumentale sur la Gironde ; le Front de Mer épouse la courbe de la Grande Conche. De la rencontre de ces deux axes naît la place Charles de Gaulle, charnière centrale, entre station balnéaire et ville d'hiver. C'est ici que se concentrent les tous premiers efforts du chantier et que nous trouvons les premières ébauches stylistiques du nouveau Royan, avec des façades architecturales proches des tendances monumentales et académiques des années 30, sur le boulevard Briand ou la villa « Brise- Lames » du boulevard Garnier. Le centre-ville s'organise aussi selon un zonage urbain concerté : les nourritures spirituelles sont proposées avec l'église Notre-Dame, de Bernard Laffaille et Guillaume Gillet, et le Temple de Marc Hébrard ; les nourritures terrestres avec le Marché couvert de Bernard Laffaille, René Sarger et Louis Simon et les nourritures culturelles avec le casino de Claude Ferret et Pierre Marmouget, aujourd'hui détruit. Des inspirations très diverses y cohabitent entre le boulevard Briand, académique et nostalgique, le marché, avant-gardiste et « brésilien », et Notre-Dame, néogothique moderne. Cette hétérogénéité notable constitue assurément la particularité du centre. Elle témoigne du changement de cap observé par les architectes de la Reconstruction, à la lecture, en 1947, d'un numéro de la revue « l'Architecture d'Aujourd'hui » qui présentait le nouveau quartier de Pamphula, à Belo Horizonte au Brésil, fruit de l'imagination d'Oscar Niemeyer. La modernité, les courbes et le style de Le Corbusier « tropicalisé » allaient insuffler à la création royannaise une touche brésilienne sans égal dans la création française. Ce sont alors tous les projets qui se tournent vers ce nouveau langage, abandonnant le style monumental des années 30. L'église Notre-Dame, sentinelle de la ville, échappait à cette vague en allant puiser avec son créateur parisien, Guillaume Gillet, une paternité plus francilienne dans les grandes cathédrales gothiques.