Un pionnier du cinéma

Naître en même temps que le cinéma

Bourg-sur-Gironde, la ville natale d'Emile Couzinet

Émile Couzinet nait le 12 novembre 1896 à Bourg-sur-Gironde, d'un père menuisier et d'une mère aubergiste. Sa famille est d'origine ariégeoise et installée en Gironde depuis deux générations. Son véritable nom de baptême est Robert, cependant, tout le monde l'appelle Émile. Une faute se glisse par ailleurs sur le registre de l'état civil. On écrit Couzinet avec un « s », et non avec un « z » comme il se doit. Émile fait officiellement rectifier l'erreur en 1936. 

Par coïncidence, sa naissance correspond quasiment à celle du cinématographe des frères Lumière : une machine capable de filmer et projeter des images animées. Le film, entraîné par des perforations, s'actionne avec une manivelle. Une lampe à arc électrique très puissante projette l'image sur un mur au travers d'un objectif. 

Invention au départ scientifique et industrielle, elle établira rapidement des liens serrés avec le monde artistique. Et c'est la génération de Couzinet qui saura s'en emparer et l'exploiter. 

Le cinéma, un nouveau marché ...

Portrait couzinet

Dans sa jeunesse, le cinéma est présenté comme une attraction dans les foires. Son succès est rapide, il attire les foules. L'invention se propage partout, en ville comme à la campagne, grâce aux tourneurs de films. 

C'est ainsi que débute Couzinet, projectionniste ambulant à 16 ans. Le tourneur est obligé d'acheter ses films. Pour rentabiliser cet investissement, il doit les montrer le plus possible, jusqu'à l'usure de la pellicule ! Il lui est donc nécessaire de présenter des films populaires qui attireront les spectateurs en masse. C'est l'apogée de la comédie muette. Couzinet, n'oubliera jamais ce principe : les films légers et drôles sont une garantie de rentabilité commerciale. 

Les liens avec le commerce et l'industrie sont donc très présents dès le départ de l'exploitation du cinéma. Il intéresse de nouveaux types d'investisseurs, comme Charles Pathé ou Léon Gaumont, qui y voient une opportunité de produire des spectacles rentables moins chers qu'une pièce de théâtre ou un opéra-comique. C'est pourquoi, déjà, au tout début du XIXe siècle, la production cinématographique est très forte, avec la création de personnages récurrents qui fidélisent le public. La France est à la pointe de cette économie, mais pour peu de temps : les États-Unis et leurs maisons de production, mieux organisées, les Majors, mettront peu de temps à s'emparer de ce marché, toujours lucratif aujourd'hui. 

À la recherche de la bonne opportunité

Burgus-films-Chemise

Après la Première Guerre Mondiale, les gens ont besoin de se divertir. Le cinéma remplit cette fonction à merveille et les salles se multiplient, s'installent dans les théâtres, deviennent confortables. 

De retour de la guerre, Couzinet comprend très vite qu'il doit saisir les opportunités offertes par le cinéma. Il se voit exploitant de salle. À Saintes, justement, le théâtre municipal, en piteux état, lui semble posséder un bon potentiel. Il obtient du Conseil Municipal la location du théâtre, à condition que sa remise en état ne coûte rien à la ville, et qu'on n'y projette pas de film. Couzinet abandonne cette entreprise risquée au bout de trois mois.

Parallèlement il crée au début des années 1920 sa société de distribution de films : la Burgus Films, du nom de sa ville natale, Bourg-sur-Gironde. Un nouveau métier est en effet apparu dès avant la guerre, celui de loueur ou de distributeur de films. C'est lui qui établit le lien entre le producteur de films et l'exploitant de salles. Le distributeur est chargé de promouvoir les films auprès de ces derniers : il connaît très bien le marché et les attentes du public. Couzinet se sent parfaitement à l'aise dans ce rôle. 

Il fait un bref passage derrière la caméra en 1923 pour réaliser un petit film publicitaire à Saintes. Il est chargé en effet de promouvoir la Journée des Arènes, fête qui ne trouvait plus son public. L'expérience semble lui plaire, mais il ne reviendra à la réalisation que beaucoup plus tard. Pour l'heure, il a toujours en tête de trouver une salle à exploiter. Il le fera à Bordeaux dès 1931. Il créera alors une seconde société de distribution, la Gallia Cinéi. Mais c'est à Royan que Couzinet développera pleinement son sens des affaires et une vision toute personnelle du cinéma.

 
 

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