Fin d'une carrière, fin d'une époque
Une page de l'histoire du cinéma se tourne
Après avoir passé plus de quatre ans sans tourner, Couzinet se lance en 1962 dans la réalisation de Césarin joue les étroits mousquetaires avec ses collaborateurs habituels. Cette comédie de cape et d'épée, dans le plus pur « style Couzinet », est un véritable échec commercial. Le cinéma a changé. La Nouvelle Vague et ses réalisateurs sont passés par là, ringardisant le cinéma des années 1950, qui utilisait encore bien souvent les ficelles burlesques d'avant-guerre.
Ce film sera le dernier de Couzinet, qui meurt le 24 octobre 1964.
Les héritiers
Tout au long de sa carrière, ses films ont été décriés par la critique. Mais finalement, ils n'étaient peut-être pas plus mauvais que de nombreux autres de la même période. Aujourd'hui, les cinéphiles les redécouvrent avec curiosité. On les classe dans les « nanars », ces films à la réalisation médiocre et aux scenarii peu élaborés, mais qui font rire, au moins au deuxième degré. On compare même aujourd'hui Couzinet à Ed Wood, ce cinéaste américain qualifié de « plus mauvais réalisateur de tous les temps ». On ne peut cependant pas retirer à Couzinet sa sincérité et son inébranlable confiance en ses possibilités, qui l'ont amené à créer un véritable empire cinématographique.
Parmi ses « fils spirituels », on peut citer Max Pécas, réalisateur, par exemple, de La situation est grave mais pas désespérée ! en 1976, film dit de série Z qui a reçu un immense accueil populaire. L'acteur Aldo Maccione ou la troupe des Charlots pourraient également se réclamer de l'esprit « couzinesque ».
Une vie consacrée au cinéma
Couzinet n'a certes pas réalisé de chef-d'œuvre, mais sa carrière est à juger dans son ensemble. Il a été l'un des seuls à maîtriser toute la chaîne cinématographique, de la production du film à sa projection en salle. Il a été un véritable entrepreneur de spectacle, un homme d'affaires avisé, mais surtout un formidable promoteur du cinéma populaire, sincèrement attentif à son public.
Oublié aujourd'hui de la plupart, ce personnage atypique a marqué Royan. Un homme fort en gueule comme on dit, mais aussi, très certainement attachant.