Plan véritable envoyé à sa Majesté par le Sieur de Bonnevau - Ville, château et siège de Royan (Dessinateur : Bonnevau. Date : 1622.)

Dès la période d'Henri IV, et plus encore sous Louis XIII, les rois se sont entourés de géographes chargés de cartographier le royaume, notamment dans un but militaire. C'est ainsi qu'est apparu le Corps des Ingénieurs et Géographes du Roi, auquel ont appartenu certains des auteurs des gravures présentées ici. 

La plus ancienne représentation connue de Royan est celle de Claude Chastillon, datant de 1606. Architecte, ingénieur et topographe au service d'Henri IV, il a rassemblé, dans sa Topographie française, 534 des gravures réalisées à partir de ses dessins représentant les « villes, bourgs, châteaux, maisons de plaisance, remises et vestiges de l'antiquité du royaume de France ». 

Les gravures de Bonnevau et René Barry détaillent les fortifications et relatent le siège de Royan par l'armée de Louis XIII en 1622, mené contre les rebelles protestants. René Barry était conseiller et historiographe du roi. Il a notamment participé à un ouvrage à sa gloire, Les Triomphes De Louis Le Juste, XIII Du Nom, Roy De France Et De Navarre, narrant les grandes batailles auxquelles Louis XIII a participé en personne, dont le siège de Royan. 

Royan est alors une forteresse juchée sur le plateau de Foncillon, enceinte de hautes murailles lui donnant la réputation d'être imprenable. La falaise est ainsi prolongée de remparts, qui rendent la ville inaccessible par l'estuaire. Du côté terrestre, la citadelle est renforcée par un système défensif de bastions, demi-lunes et fossés. Les bateaux s'échouent directement sur la plage de Foncillon, à l'abri de la falaise et du grand môle (digue), visible sur la gravure de Bonnevau. Ce sont essentiellement les commerçants et bourgeois huguenots qui habitent la ville fortifiée, place de sûreté protestante depuis l'Édit de Nantes en 1598. 

Le faubourg s'étend hors des fortifications, le long de la Grande Conche, habité par les gens de plus basse condition. Au nord de l'actuel boulevard Briand, à l'écart de la ville, la paroisse de Saint-Pierre, alors hameau agricole serré autour de son église, de son moulin et du château de Mons, accueille les catholiques.

Les deux dernières gravures, étonnamment similaires, sont l'œuvre de Tassin et Mérian. Tassin, ingénieur géographe de Louis XIII, édita des recueils de vues et de cartes à l'usage des voyageurs et des militaires, notamment un atlas des côtes de France. Mérian était un graveur suisse, spécialisé dans les paysages, dont l'un des ouvrages les plus connus est sa suite de vues topographiques des paysages de France, Topographia Galliae (1655). 

Sur ces gravures, la citadelle n'existe plus et les remparts sont ruinés. La ville a en effet subi la destruction de ses murs en 1622, à la suite du siège, puis le « rasement » des dernières fortifications, ordonné par Richelieu en 1631. Les habitants, touchés par l'interdiction de reconstruire à l'intérieur de cette zone, s'installent alors dans le faubourg de la Grande Conche. 

En savoir plus : La Saga des Bains de Mer de Guy Binot aux Éditions Bonne Anse.