Le publicitaire

Je fus l'organisateur et l'animateur de la publicité balnéaire et je m'y adonnai avec un zèle qui tenait de l'apostolat.

Victor Billaud

Affiche de Fraipont imprimée par V. Billaud en 1894. Coll. Musée de Royan

En l'absence d'un Syndicat d'Initiative, qui ne verra le jour qu'en 1907, Victor Billaud est en charge de toute publicité pour assurer le développement et le rayonnement de la petite station balnéaire dans laquelle il vient de s'installer. Très vite, il fait preuve d'un savoir-faire remarquable, s'inspirant avec bonheur des méthodes utilisées ailleurs, dans les cités rivales.
Le premier instrument dont il dispose : son journal, la Gazette. Que d'articles où il vante inlassablement la beauté de la région, ses conditions climatiques exceptionnelles, ses plages au sable fin, tellement plus attirantes que celles des stations du nord où se rendent les Parisiens ! Il faut bien aussi rivaliser avec La Rochelle, Châtelaillon et encore plus avec Arcachon qui risque de retenir les Bordelais, au passage.
Billaud déploie donc toute son artillerie publicitaire pour attirer les touristes. Pour cela, il est rétribué par la municipalité, reçoit 1 200 francs par an et des subventions ponctuelles. Devant ses ennemis, qui l'accusent de vivre aux frais de la ville, Billaud réplique : « Les sommes qui nous sont payées par la commune s'appliquent à un ensemble de publicité considérable, qui vaudrait trois fois plus. Par cette publicité sous toutes ses formes, par les nombreux articles que nous avons publiés dans tous nos journaux et dans quatre-vingt feuilles de la contrée, nous avons dirigé sur notre station un mouvement d'étrangers, sans compter que par nos relations personnelles, nous avons, d'autre part, amené ici des célébrités qui n'ont pas peu contribué à l'éclat de nos saisons... »
L'image de Royan diffusée dans toute la France
On le voit, en effet, adresser des centaines d'articles aux autres journaux régionaux ou nationaux qui les répercutent et qu'il retranscrit ensuite dans la Gazette. Royan devient ainsi, pour la France entière, le paradis des touristes où tout n'est que plaisirs, fêtes, musique perpétuelle, spectacles somptueux et divertissements après les bains les plus exquis !..
En 1889, il diffuse l'image de Royan, à l'Exposition Universelle, en faisant circuler un char surmonté de la tour de Cordouan, dans les rues de Paris. Il y installe aussi une presse qui imprime des notices sur Royan, devant les visiteurs : 500 000 exemplaires et 500 affiches voient le jour, sous les yeux des Parisiens ébahis.
En 1893, moyennant une somme de 4 000 francs, il s'engage à fournir à la ville pour la saison, 4 800 affiches dont 2 000 en couleur, illustrées par Fraipont. Un millier seront remises aux Chemins de fer de l'État pour les exposer sur les murs de la capitale et dans les gares. D'autres affiches sont destinées à la ville ou sont promenées par le Decauville le long des plages.
L'Agence de publicité Billaud se charge également des locations, publiant au milieu des innombrables réclames qui remplissent les pages de la Gazette, et qui concernent d'ailleurs toute la France, la liste des villas à louer, des restaurants et des hôtels où il fait si bon vivre ! La Liste des Étrangers, où l'on est si heureux de trouver son nom, s'allonge d'année en année, grâce à cette publicité intelligente et efficace et, selon Billaud, Royan reçoit près de 100 000 baigneurs, en 1900.
Le Guide des Touristes
Autre moyen d'assurer la publicité : Le Guide des Touristes, que Billaud écrit et imprime pour la première fois, en 1888, avec l'aide de la municipalité qui souscrit pour 250 exemplaires. Édité jusqu'en 1932, remis à jour chaque année, au fur et à mesure que Royan se dote du Casino Municipal, du nouveau port, de l'eau courante ou de l'électricité, ce guide offre l'historique de la ville, un plan de Royan, un panorama des excursions et visites possibles, de nombreuses réclames. Billaud y évoque fidèlement le souvenir d'une époque où il allait déguster les « marennes » à La Grève à Duret, en compagnie des Zola, Charpentier, Desmoulin, Lemoyne ou Cernuschi (nostalgie qui revient en leitmotiv chez lui).
Publicité réussie que celle de Victor Billaud, qui peut s'enorgueillir de voir ces flots de touristes se presser sur les plages, ou dans les casinos.

 

En savoir plus : Victor Billaud, Le chantre de Royan, Zola, trois étés à Royan de Monique Chartier

et Royan Atlantique à l'affiche de Pierre-Louis Bouchet aux Éditions Bonne Anse.

 

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