Le Minahouët
cotre pilote
Je suis le Minahouët*, construit sur le modèle d'un cotre pilote, mis à l'eau le 23 septembre 1912 par les chantiers Augustin Gauraud, à Foncillon. Je fus armé à la plaisance à la demande d'un armateur de Saint-Nazaire qui souhaitait posséder un navire de prestige sûr et rapide, capable de surmonter toute épreuve à la mer.
Pendant la première guerre mondiale, j'assurai le pilotage dans l'estuaire de la Loire. Pendant la seconde guerre, je fus transformé en dragueur de mines et réquisitionné par les Allemands. Racheté ensuite par une famille parisienne, je faillis mourir, faute de soins, ensouillé dans une vasière du chenal de La Tremblade. Recueilli par une association, émue par ma détresse, je naviguai de nouveau en 1988 et j'en surpris plus d'un par mes qualités nautiques, tel Jean-René Clergeau, un fin connaisseur, qui écrivit :
« ... il a épaté les possesseurs de « bidets en plastique » par sa vitesse, son aptitude à remonter dans le vent et à tourner sur place. En fait un énorme succès. Ils avaient oublié ce qu'était un vrai bateau fait pour aller partout et par tous les temps. Ils ne sont pas revenus en particulier de sa maniabilité. » Mais l'association avait préjugé de ses moyens pour me remettre véritablement en capacité de navigation et me voici à nouveau retourné à l'état d'une épave honteuse amarrée dans le port de Royan, puis transportée à terre du côté de Saint-Georges-de-Didonne. Je crus que c'était la fin, lorsque, miracle, je fus récupéré en 1993 par « Voiles d'Iroise », une association animée par Jack Briois, et conduit dans un chantier de Meslan (Morbihan), où, pendant 13 ans, une équipe de marins fantastiques s'acharna à me refaire une jeunesse, avant que j'entame une seconde vie.
Minahouët, le retour ! Jack, mon nouveau patron me fit partager sa fierté légitime lors de ma mise à l'eau le 2 juin 2007 dans le petit port de Kernevel-Larmor-Plage. Pont-Aven est désormais mon port d'attache, à partir duquel je navigue le long des côtes bretonnes, et jusqu'à La Rochelle, afin de participer à Voiles de Nuit, dans l'attente de venir croiser, un jour, devant Foncillon, mon lieu de naissance, ce qui serait une belle revanche sur le destin. À ma connaissance, je suis le seul modèle de cotre pilote à « tape cul » naviguant en France. "
*Mon nom, Minahouët, vient de celui d'un petit maillet en bois servant à fourrer un cordage fin.
Il était fabriqué à Locmiquèlic, près de Lorient, dont les habitants se faisaient appeler
« les Minahouëts ».
Photo J. Bureau.
Les travaux du Minahouët :
(Cliquez sur une image pour ouvrir le diaporama)
Tombes de pilotes:
En savoir plus : Gloire aux pilotes de la Gironde de Bernard Mounier