Christophe Reux
Pilote de la Gironde
Né le 3 avril 1958 à Saint-Pierre et Miquelon.
Mes ancêtres étaient d'origine bretonne et irlandaise, installés à Saint-Pierre-et-Miquelon et à Terre-Neuve dès le milieu du XIXe siècle. Au départ, ils pratiquaient tous la pêche à la morue, puis, dans les années 20, ils naviguèrent à la « prohibition », activité florissante pour tout l'archipel, devenu plaque tournante du trafic d'alcool à destination des U.S.A. où sa consommation était interdite. Un certain nombre d'entre eux ont hélas péri en mer, tel mon grand-père paternel, disparu en 1946 dans le naufrage du « trois mâts » qu'il commandait, l'Erminie, assurant la liaison postale entre l'archipel et Halifax.
Son fils aîné, mon oncle Jean, fut pilote du port de Saint-Pierre et son neveu, Victor, pilote de La Rochelle-Pallice. C'est ainsi que j'ai connu très tôt le métier de pilote maritime et j'ai eu toujours eu le désir de rejoindre cette corporation.
Départ de Saint-Pierre à l'âge de 18 ans pour une classe préparatoire à l'école des Rimains à Cancale, bien connue du monde de la marine marchande et de la grande pêche. 1977 et 1984 : formation de Capitaine de 1e Classe de la Navigation Maritime à l'École nationale de la marine marchande de Marseille. Brevet final en 1989. Navigation chez Delmas Vieljeux, mais aussi à Saint-Pierre-et-Miquelon, puis chez Van Ommeren et enfin pour la Fondation Cousteau (j'ai commandé La Calypso de fin 1989 à début 1991).
Entré au pilotage de la Gironde le 1er mai 1992. Président depuis le 28 mars 2007.
Photo D. Taillefer.
Pour devenir pilote maritime en France, il faut être titulaire d'un brevet de capitaine de 1ère classe ou de 2ème classe de la navigation maritime, ou du nouveau brevet de capitaine sans limitation de prérogatives. Il faut avoir moins de 35 ans et justifier de 72 mois de navigation effective, et répondre à des critères physiques sévères, en particulier pour la vue et l'ouïe. Le recrutement se fait par voie de concours, organisé localement par les Affaires Maritimes sur demande des pilotes.
Lorsqu'un pilote est recruté par une station, il en devient le co-actionnaire et verra ses qualifications augmenter au cours d'une formation interne qui dure en moyenne 5 ans. Il effectuera toute sa carrière dans le même port, les cas de transferts d'un port à l'autre étant très exceptionnels. "
Note sur le fonctionnement du pilotage sur la Gironde
par Christophe Reux
Depuis 1997 (année du naufrage de la vedette Saint-Denis au cours duquel deux marins ont perdu la vie) nous avons dû nous réorganiser pour faire face à la baisse continue du trafic portuaire et maîtriser nos coûts. Nous opérons désormais de la façon suivante.
Tous les navires de 120 mètres de long et plus sont servis à la bouée BXA (à 20 milles du Verdon), 60 % par hélico, 40 % par vedette. Nous tentons d'équilibrer les services avec les deux moyens dont nous disposons afin que chaque catégorie de personnel - maritime, aérienne - garde son savoir-faire. Par gros temps, l'hélico est presque exclusivement utilisé.
Pour les navires de longueur inférieure ou égale à 120 m, et à l'exception de certaines marchandises hautement dangereuses et polluantes pour lesquelles la présence du pilote à bord sur tout le parcours est exigée, deux cas sont possibles :
1. Par beau temps (vent du large moins de 27 nœuds, houle moins de 3 m et visibilité plus de 1 mille), une assistance radar est fournie, par un pilote, au navire sur la zone MER, c'est-à-dire entre la bouée d'atterrissage BXA et la bouée 13A, en face du Verdon, lieu habituel de transfert du pilote pour cette taille de navire, qui s'effectue à l'aide d'une vedette de rade. Tout ceci est soumis à l'autorisation préalable de la Capitainerie de Bordeaux.
2. Dès qu'une des conditions météo énoncées précédemment n'est pas remplie, la règle est de suspendre l'assistance radar, et de mettre un pilote à bord. Quelques rares dérogations peuvent être accordées par l'autorité portuaire en cas d'absolue nécessité.
Même si un navire est éligible à la radarisation, nous lui fournissons un pilote si le capitaine le demande.
Le Port de Bordeaux met à la disposition des pilotes le signal radar émis par l'antenne de La Palmyre ou celle des Écuries (pointe de Grave) que nous exploitons conjointement avec la Capitainerie. Depuis 1997, il n'y a plus de relève au Verdon : nous faisons du « parcours direct », il n'y a plus de pilotes mer ou rivière, tout le monde est polyvalent.
De nuit et dans les conditions de très mauvais temps, seuls les grands navires sont servis par hélico. Les petits, qui sont moins stables, ne sont servis que de jour. Il arrive donc, si l'état de la mer interdit toute sortie de vedette, que des navires « arrivants » passent la nuit dehors à attendre que le jour se lève, et que les « sortants » patientent au mouillage intérieur, en attendant le jour et le moment favorable pour franchir la barre sur la passe de l'Ouest. Il y a actuellement quelque 1 500 arrivées de navires par an sur la Gironde, ce qui signifie plus de 3 000 actes de pilotage par an, si on ajoute aux entrées et aux sorties les autres mouvements qui peuvent avoir lieu entre différents sites portuaires de l'estuaire.
Nous sommes aujourd'hui 21 pilotes, 11 marins, 1 chef d'atelier, 4 aviateurs, 4 chauffeurs, 3 secrétaires, 2 employés de service au Verdon.
Plus d'informations
Biographie de François Jouison, capitaine du baliseur Gascogne et Gloire aux pilotes de la Gironde de Bernard Mounier