Jack Briois
J'étais parisien, mais quand je travaillais, j'étais un an en activité et puis l'année suivante, je naviguais. J'ai appris le métier de marin en regardant les autres et en lisant le livre de Marcel Bardiaux Aux 4 vents. Il est le premier à m'avoir fait rêver au point d'avoir passé mes week-ends à restaurer plusieurs bateaux, dont le Manureva, pendant 20 ans. Puis, je l'ai revendu en 1993 pour acheter, à Saint-Georges-de-Didonne, l'épave du Minahouët, un cotre pilote qui avait vu passer à son bord Eric Tabarly et Gérard Daboville.
ll était dans un tel état que nous nous sommes interrogés, avec les membres de l'association
" Voiles d'Iroise " : faut-il le copier et en construire un neuf ou faut-il le restaurer ? Moi, je voulais le restaurer. Et, à partir de 1994, l'aventure a duré 13 ans, avec la participation passionnée de plus de 200 bénévoles. Le voilier a été entièrement démonté, chaque pièce vérifiée ou remplacée. Lorsque nous cherchions à acheter des bois " tors ", comme autrefois, afin d'obtenir des pièces en forme, avec le fil de bois non sectionné par les traits de scie, les forestiers nous prenaient pour des fous. Son mât en pin a 180 ans, car il en avait déjà 85 lorsqu'il a été mis en place la première fois en 1912 ! Aujourd'hui, le Minahouët a retrouvé son aspect d'origine, à l'identique, 95 ans après sa sortie des chantiers de Foncillon.
Quel bonheur et quel honneur de naviguer sur un tel bateau ! On a toujours l'impression d'être assis à côté de l'un de ces célèbres pilotes, qui étaient des " marins ", qui avaient la mer dans le sang, élevés depuis toujours pour le service à la mer. Malgré notre bonne volonté, on leur arrive à la cheville. Mais, sur un bateau comme le Minahouët, leur souvenir nous porte et nous exalte. La grande joie, c'est d'y faire naviguer nos adhérents et le plus de monde possible, avec qui partager cette sensation unique : sentir le souffle de l'histoire maritime qui fait gonfler ses voiles. "
Photo Bernard Mounier
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