La valeur patrimoniale
Premier lotissement balnéaire à voir le jour sur le littoral charentais, Pontaillac méritait une reconnaissance. Elle s'est concrétisée au milieu des années 1990, quand le quartier a été englobé dans la Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (Z.P.P.A.U.P.) créée en 1996, puis quand le musée de la ville y a été transféré en 2004. C'est enfin à Pontaillac qu'ont été lancés les premiers circuits de découverte des villas, initiative conjointe du musée et de l'office de tourisme.
Protéger pour mieux gérer
Considérée comme une initiative pionnière, puisqu'elle s'inscrit dans une démarche de protection d'un patrimoine bâti récent datant essentiellement de la fin du XIXe siècle et des années 1950, la Z.P.P.A.U.P. de Royan couvre 60 hectares. Elle englobe trois ensembles urbains posés sur un site exceptionnel : le quartier du Parc et de l'Oasis au sud-est, Pontaillac au nord-ouest, et le cœur de ville. Un pré-inventaire a permis de repérer trois grandes catégories d'édifices. À Pontaillac, 12 villas sont ainsi considérées comme exceptionnelles, 56 s'enorgueillissent d'être signalées comme étant de qualité, et 120 possèdent des éléments intéressants. À partir de ce repérage, des prescriptions graduées, qui pèsent sur les façades, les abords et les clôtures, sont établies. Elles constituent un outil de gestion à long terme du patrimoine bâti, sans figer l'évolution du quartier. Ce dispositif a fait des émules, puisqu'en Charente-Maritime, Châtellaillon et Saint-Palais-sur-Mer ont décidé, à leur tour, de protéger leur patrimoine balnéaire au moyen d'une Z.P.P.A.U.P.
La Z.P.P.A.U.P., mode d'emploi
Servitude d'utilité publique, la Z.P.P.A.U.P. a pour effet d'annuler le rayon de protection autour des monuments historiques. Elle crée un espace protégé plus adapté, qui est soumis à un règlement définissant les interdictions de démolir, de déboiser, les prescriptions d'emprise, ainsi que les obligations concernant l'aspect des bâtiments et des espaces, l'utilisation de certains matériaux, les couleurs à respecter... Concrètement, cela ne signifie pas que chaque propriétaire ne puisse pas agrandir, améliorer ou changer de destination un bâtiment. Mais toute demande de permis de construire ou d'autorisation de travaux sera soumise à un examen attentif, en fonction des différentes prescriptions, sous le contrôle avisé de l'architecte des bâtiments de France. Il doit en résulter, à terme, des extensions plus harmonieuses ; l'effacement progressif de certaines verrues ; le refus d'utiliser des matériaux industriels inadéquats (P.V.C., plastiques...), ayant pour effet de banaliser à outrance les façades ; l'harmonisation des clôtures sur rue... autant d'éléments qui doivent entraîner une plus-value pour l'ensemble d'un quartier qui a toujours su cultiver ses spécificités avec tact et fierté.
La villa Marquisette aux mains des démolisseurs...
Extrait de la presse locale en 1968.
Marquisette : pour de très nombreux Royannais, ce nom est synonyme de « Reconstruction ». C'est en effet dans le parc de la villa ainsi baptisée, puis dans la villa même, que le M.R.U., dans les années qui suivirent le bombardement de Royan, avait installé ses bureaux. C'est donc un peu depuis Marquisette que la reconstruction de notre ville prit corps. Mais cette villa somptueuse était aussi l'un des derniers vestiges du Royan d'avant-guerre. Nous disons « c'était », car actuellement Marquisette est aux mains des démolisseurs. Après avoir suscité l'admiration de tous ceux qui, un jour, passèrent avenue de Paris, cette imposante bâtisse va laisser la place à un immeuble de très haut standing. Soulignons que la villa Marquisette, malgré ses quelques 60 ans (elle avait été construite aux alentours de 1906 par l'entreprise Baudet, tandis que les merveilleuses sculptures qui l'ornaient étaient signées Barra, premier Grand Prix de Rome !), a donné bien du... câble à retordre aux ouvriers chargés de sa démolition...
En savoir plus : Guide architectural Royan 1900 de Frédéric Chassebœuf et
Guide architectural Royan 1950 de Antoine-Marie Préaut aux Éditions Bonne Anse.