Pen Duick, mon amour
40 ans que Jean-Paul Vignon, skipper et constructeur de bateaux, rêvait de naviguer sur un Pen Duick. Récit du barreur, en léger différé.
Août 2011
Je suis sur la plage, un matin du mois d'août 1967, lorsque je vois à l'horizon un grand rectangle de toile blanche ponctué d'un spi rouge et noir en train de virer le Phare de Cordouan qui, à cette époque, n'était pas cerné par les bancs de sables d'aujourd'hui. Deux jours plus tôt, toutes affaires cessantes, j'avais accouru à La Rochelle pour admirer la longue coque noire du Pen Duick de Tabarly qui venait de gagner la course Plymouth La Rochelle. Je suivais tous les mois, par revues interposées, l'avancement de la construction de la goëlette à étrave à guilbre, et par la suite les récits de son sillage. Mes bateaux (j'en ai construit 3 ), portent les indices de cette époque, coque aluminium, voile lattée, bulle en plexi, étrave à guilbre, etc...
Pen Duick 3 dans le port de La Rochelle en 1967
Les modèles de Jean-Paul, de moins en moins réduits et d'inspiration "tabarlienne".
Alors dimanche 10 juillet 2011, c'est d'instinct que j'ai quitté, à 2 heures du matin, le port de Meschers pour aller à la rencontre de la flotte de Pen Duick, orpheline depuis 13 ans... Je fus un peu déçu de n'en voir que trois sur les cinq annoncés, il y avait Pétole mais le 2 et le 5, plus petits, n'étaient encore qu'à la BXA.
Arrivée du Pen Duick 3 le 10 juillet après la Pointe de La Coubre
Quand il m'a été proposé, quelques jours plus tard, d'aller faire un tour sur l'un d'eux, j'ai immédiatement répondu, le 3 ! C'est pour moi le seul qui a été conçu par E.T., il est l'aboutissement des expérimentations du voilier laboratoire que fut le précèdent, PD 2, avec lequel il gagna la transat de 64.
L'empirisme et le tâtonnement menaient à des solutions radicales. A cette époque, le virtuel des simulations par ordinateur était encore loin, il fallait tailler dans le vif pour essayer, comme par exemple couper presque 3 mètres de l'arrière d'un bateau pour s'adapter à la jauge. Un coup de scie sauteuse, et hop! Pour l'heure un bon noroît s'est levé devant Saint-Georges, et j'ai vite fait de sympathiser avec Erwan, le skipper qui me propose de l'accompagner jusqu'en Bretagne.
Il ne me le répétera pas deux fois... 2 jours sur un Pen Duick, c'est un rêve vieux de 44 ans. Voilà, c'est fait, de Royan à Pornichet.
Jean-Paul à la barre. La classe !
Jean-Paul aux patates. Un autre style.