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Office de tourisme communautaire Royan Atlantique - © Royan Atlantique

Royan bombardée Royan Port de Mer par Guy Binot

Extrait de Royan Port de Mer de Guy Binot, Éditions Le Croît Vif, 2000

...Corniglion-Molinier admet dans sa réponse au télégramme de Royce du 9 janvier que la discussion avec Larminat a bien porté sur l'évacuation de la population civile après le 15 décembre, or cela concerne forcément Royan et non la Coubre où il n'y avait aucun civil. Cette date est donnée au mépris de toute logique car aucune évacuation massive n'était prévue entre le 10 et le 15 décembre et l'état-major français le savait parfaitement et connaissait, par la résistance royannaise, l'importance de la population restante. La seule explication possible aurait été de se donner le temps d'informer les résistants locaux pour que ceux-ci se mettent à l'abri, mais l'opuscule sur le bombardement Royan n'est plus du pasteur Besançon, chef de la Résistance, prouvent qu'il n'en fut rien.
Pour le général Royce il ne restera, après le 15 décembre, que des Allemands et des civils ayant refusé de partir, donc acquis à l'ennemi. Il n'a pas pris cette opinion lors d'une soirée trop arrosée, inventée par Raymond Aron, car il est reparti le soir même. Larminat a peut-être partagé l'opinion de certains de ses officiers très anti-boches et tout aussi hostiles aux "Français restés avec leurs boches", selon le commandant Meyer. Pour une lettre anonyme envoyée à L'Avenir de Royan en 1947, la "ville était exclusivement habitée par des collaborateurs notoires lors de l'indispensable bombardement". Cette incompréhension s'explique. À Royan, certaines relations se sont créées au fil du temps entre les très nombreux occupants, présents depuis des années, et la population, car la cohabitation se déroule globalement sans histoire. Situation, atypique d'une ville trop fortement occupée, incompréhensible pour les maquisards qui encerclent la poche et se battent durement depuis des mois contre un ennemi aussi anonyme que sanguinaire.
Il est plus vraisemblable que Larminat et Corniglion-Molinier, deux aventuriers flamboyants baroudeurs dans l'âme, n'ont aucune fibre sensible pour ces Royannais ancrés dans leurs habitudes et voulant avant tout sauvegarder leurs biens périssables, avec un tonus moral un peu mou, encore dégradé par l'occupation, qui ne sont pas pour la guerre totale et eussent volontiers envisagé une zone neutralisée. Ce qui est parfaitement exact. Ces opinions figurent dans les Chroniques irrévérencieuses de Larminat où il compare ces biens au sang versé par ses F.F.I. oubliant les morts royannais.
Quand le général Royce repart le soir, l'impitoyable engrenage est en place, il ne s'arrêtera plus, et Royan qu'il a décidé de raser sera détruite.
Le mardi 12 décembre, Royce et Corniglion-Molinier rencontrent le général Bouscat, chef de l'armée de l'Air, à Paris. Parmi les objectifs mentionnés, quatre batteries de la Coubre et quatre ouvrages fortifiés couvrant la région de Royan. Royce explique que ces objectifs sont justiciables de l'aviation lourde et que le général Spaatz, chef de l'U.S. Stategic Air Force c'est-à-dire des forces américaines de bombardement lourd, lui a parlé de la possibilité de deux groupes de bombardiers de la 8e Air Force actuellement à l'entraînement de nuit. Royce envisage d'appliquer ces moyens sur Royan-Grave et pense aussi obtenir l'appoint du Bomber Command de la RAF.
Le mercredi 13 décembre, selon son propre témoignage du 17 janvier suivant, Royce fait accepter au Commandement Suprême Allié, le S.H.A.E.F, cinq bombardements dont celui de "la ville de Royan". L'agence de recherche historique de l'U.S. Air Force m'a permis de retracer la suite. Selon la confirmation du 14 décembre du général Thatcher, chef adjoint de l'état-major de l'air allié, la pointe de Grave est abandonnée, les objectifs retenus sont quatre points fortifiés dans la forêt de la Coubre, et textuellement la "ville de Royan", où, après accord avec l'ennemi, l'évacuation de la population civile sera terminée le 15 décembre, ensuite tous les objectifs pourront être bombardés librement. Royan est mentionnée sous la référence Lambert 370745, un point de longitude 37 et de latitude 74,5, situé dans l'anse de Foncillon. Ces objectifs sont confirmés par le télégramme du 16 décembre du général Spaatz au général Doolittle, commandant la 8è Air Force équipée des bombardiers lourds Forteresses volantes, qui prévoit une attaque par des unités de bombardement de nuit à l'entraînement, avec copie au Bomber Command de la RAF.
Le 18 décembre le général américain Anderson, adjoint au commandant des forces aériennes alliées pour les opérations, dans un autre rapport à Doolittle confirme les informations du télégramme du 16 et résume ainsi la participation des forces aériennes alliées à l'opération Indépendance prévue pour le 25 décembre: "Les forces terrestres et navales utilisées dans cette opération anticipent des pertes modérément élevées, à cause de l'importance considérable de l'artillerie et le nombre des positions de défense côtière que l'ennemi possède. De plus, la ville de Royan située sur la rive est de l'estuaire de la Gironde est puissamment défendue et à présent constitue le point principal de résistance. La population civile a été évacuée de Royan et après le 15 décembre 1944, la ville et les défenses côtières peuvent faire l'objet d'une attaque aérienne. Toute destruction ou neutralisation temporaire de ces objectifs par une attaque aérienne sera une contribution matérielle au succès et à la réalisation rapide de cette opération et apportera une réduction des pertes des forces terrestres et maritimes". Quand on connaît l'intérêt des Américains pour éviter les pertes humaines, cette dernière remarque prend toute son importance et amène le bombardement de Royan à être jugé prioritaire. L'affaire échappe alors totalement aux protagonistes de la réunion de Cognac et passe entièrement aux mains de l'état-major des forces aériennes stratégiques, lequel, seul, peut annuler cet ordre d'attaque.
Le général Devers demande à Larminat le 17 décembre de reconfirmer la ligne de sécurité pour les bombardements dans la poche, celui-ci indique une ligne extérieure à La Tremblade, Semussac et Meschers et ne fait toujours aucune mention de la population royannaise. La ville est comprise dans le périmètre où les Alliés peuvent bombarder à leur guise, et Devers ne manquera pas de le rappeler le 18 janvier suivant. Un télégramme du 23 décembre du général Spaatz au général Doolittle met un point final au sort de Royan en déclarant que si l'opération Indépendance est remise sine die, "les objectifs restent disponibles pour une attaque". Un double est prévu pour "Air targets", qui définit les objectifs, mais ni Royce, ni Corniglion-Molinier ne figurent en double.
Le 27 décembre, Corniglion-Molinier relance Royce pour les bombardements sur la Coubre et la pointe de Grave afin de coordonner ses propres attaques des F.A.A. car 12 bombardiers Liberators de la 8e Air Force ont largué de nuit 22 tonnes de bombes sur la Coubre trois jours plus tôt sans qu'il en soit informé. Royce répond que les objectifs de la pointe de Grave sont abandonnés mais que des bombardiers lourds à l'entraînement vont attaquer la Coubre le moment voulu. Effectivement 16 Liberators de la 8e Air Force y déverseront 18 tonnes de bombes dans la nuit du 28 au 29 décembre, puis la nuit du bombardement de Royan, 12 Liberators y largueront 16,8 tonnes de bombes.
Un télégramme du 4 janvier de Spaatz à Doolittle confirme la zone à bombarder, fournie par Larminat et rappelle une nouvelle fois que "le statut des objectifs reste inchangé".
Les deux télégrammes de Spaatz à Doolittle donnent la réponse à la question que les Royannais se sont posée pendant des lustres. Pourquoi avoir bombardé Royan alors que l'opération Indépendance, pour laquelle ce bombardement avait été prévu, était annulée ?
Ce même 4 janvier, malheureusement pour Royan, le mauvais temps annule toute possibilité de bombardement sur l'Allemagne et l'Air Vice-Marshal Oxland du Bomber Command de la RAF cherche d'autres cibles pour ses bombardiers. Relancé par ce dernier télégramme, il ressort de ses cartons l'attaque sur Royan, toujours redemandée.

L'inutile destruction de Royan le 5 janvier 1945 par la RAF

La RAF informe le S.H.A.E.F. qu'elle va attaquer Royan avec les groupes 1, 5 et 8 des Lancasters du Bomber Command dans la nuit du 4 au 5 janvier. Elle contacte par prudence le 4 janvier à 15 heures 40, puis une seconde fois à 16 heures 20, la 1st Tactical Air Force de Royce en France pour savoir si les civils ont bien été évacués, afin d'annuler l'attaque si le moindre doute subsiste. Sans réponse, la RAF contacte directement le général Schramm, adjoint de Royce pour les opérations, à 17 heures pour une ultime vérification et celui-ci répond que, sans contrordre de sa part, l'attaque peut avoir lieu. Schramm ne peut pas obtenir la liaison téléphonique avec Cognac car la ligne est en dérangement et ne rappelle donc pas. Devers et Royce se contentent alors d'envoyer à 19 heures 40 deux télégrammes chiffrés, l'un à Larminat et l'autre à Corniglion-Molinier. La dernière chance d'éviter le massacre est perdue à cause des mauvaises transmissions à Cognac où ces télégrammes urgents ne seront remis à leurs destinataires sue le lendemain matin à 8 heures, bien après le bombardement.
Les bombardiers s'envolent peu après minuit pour raser Royan suivant l'ordre de mission n° 1719 qui demande de "détruire la ville fortement défendue par l'ennemi et occupée uniquement par des troupes allemandes" pour un de ces raids de terreur qui sont alors la routine quotidienne du Bomber Command sur l'Allemagne.
La RAF a choisi pour repérer la ville sur le plan du War Office, les coordonnées 372753 de Lambert sur la carte GSGS.4250.6M/5, soit un point de longitude 37,2 et de latitude 75,3, en plein centre de la ville au nord du cimetière protestant. Ce point plus central que celui proposé par Royce, sert simplement de référence pour situer la ville, les sept Mosquitos qui guident les bombardiers balisent, avec 1.242 fusées rouges et vertes, le véritable objectif, un quadrilatère à écraser sous les bombes. La population civile n'est nullement mentionnée, par contre il est demandé aux équipages de ne lâcher leurs bombes que si l'objectif est clairement identifié, à cause de la proximité des forces militaires françaises.
Guidée par les Mosquitos, la première vague de 217 quadrimoteurs Lancasters attaque de 4 heures à 4 heures 15. Pour les habitants sous les bombes, c'est l'horreur mais il y a alors peu de victimes et, dès l'arrêt du bombardement, les survivants se précipitent dans la nuit, la neige et le froid vif, les postes de secours. La ville a droit à une seconde attaque par 124 bombardiers de 5 heures 28 à 5 heures 43, plus meurtrière avec ses bombes de 2 tonnes qui étouffent les habitants dans leurs petites tranchées familiales, car aucun civil n'a été admis dans les blockhaus allemands.
Dès la fin de cette seconde vague, Royan est rayée de la carte.
Ce bombardement a l'intensité des grands raids de terreur sur les villes allemandes avec la technique inventée par Sir "Bomber" Harris, chef de l'aviation de bombardement britannique, du "rolling carpet bombing", qui écrase l'objectif sous un tapis roulant de bombes de 2 tonnes réglées pour exploser après avoir pénétré dans le sol, afin d'infliger un maximum de pertes humaines. Pour la RAF l'attaque est tout a fait satisfaisante car la forteresse nazie a été aplatie. Avec une bonne visibilité, les 341 bombardiers, dont six sont perdus, ont déversé sur Royan depuis 2 à 3.000 mètres d'altitude 27,4 tonnes de bombes incendiaires et 1.576 tonnes de bombes explosives, dont 285 bombes de 2 tonnes. Aussi, le compte-rendu du Bomber Command anglais déclare que "Cela a du être un coup dur pour ces Huns qui croyaient qu'ils n'avaient rien d'autre à faire qu'attendre".

Royan sous les bombes - Public Record Office

Tout le monde attend une attaque immédiate, mais rien ne vient. En ce qui concerne les Allemands, le 2è Bureau des F.F.S.O. du 13 janvier signale: "Aux dires des rescapés du dernier raid sur Royan le moral était tellement ébranlé qu'il aurait suffi d'une démonstration d'attaque pour obtenir la capitulation". Le commandement français aurait bien été en peine de réagir car il ignore tout. Les télégrammes annonçant le bombardement sont reçus à la liaison américaine de Cognac à 20 heures 53, déchiffrés pendant la nuit, et remis seulement à 8 heures du matin le 5 janvier aux généraux français.
L'alerte a bien été donnée à Cognac quand les bombardiers survolent l'aéroport. Deux Lancasters, au retour, sont entrés en collision près de Cognac, sur les deux équipages, six aviateurs australiens sont tués et huit rescapés ont sauté en parachute. Les Français, qui craignent une attaque aérienne allemande, les arrêtent et menacent d'abord de les fusiller.
La première annonce officielle par la B.B.C. du 6 janvier à midi mentionne un bombardement satisfaisant sur Royan dont "les 6.000 Allemands étaient les seuls habitants, car la population civile avait été évacuée depuis longtemps". Dès le lendemain, les Alliés réalisent l'ampleur du désastre sur les photos aériennes et une vive polémique s'engage entre les généraux français et américains, tandis qu'un secret total s'abat sur cette affaire pour des décennies.
Dans la ville anéantie, les bombes à retardement gênent les sauveteurs pendant 48 heures. Malgré le dévouement des responsables, les secours sont absolument insuffisants, Lanteirès fait évacuer les blessés sur l'hôpital des Mathes, où les soins sont donnés par les personnels sanitaires français et allemands, et sur la maison close Clair de Lune sur la route de La Tremblade, où les sept filles françaises du bordel soignent les blessés avec le même sens du devoir et d'abnégation que les religieuses venues les aider après la destruction de leur hôpital, puis Lanteirès ouvre une mairie provisoire aux Palmiers et ordonne d'évacuer la ville.
On compte environ 500 tués, près du quart des 2.223 habitants restés à Royan, et 300 à 400 blessés. Des pourparlers s'engagent le 8 janvier entre Allemands et F.F.I. et Michahelles, qui a perdu 35 hommes, en profite pour déclarer que cet affreux massacre est une curieuse façon de faire la guerre, puisque la ville est ruinée et sa forteresse intacte.
Une trêve de dix jours permet l'arrivée d'une colonne sanitaire française pour évacuer les grands blessés et certains survivants dont le maire Lanteirès. Des marins-pompiers, venus de La Rochelle, aident curieusement à déblayer certaines artères de la ville avec les troupes allemandes.
Le général W.B. Smith écrit, au nom d'Eisenhower, le 7 février au général Juin que le S.H.A.E.F. déplore profondément ce désastre dont les différences de langage et une piètre liaison sont la cause principale. Il indique que le général Royce a été relevé de ce théâtre d'opérations et n'est plus disponible pour témoigner. Il est effectivement limogé le 29 janvier et muté aux Etats-Unis comme commandant de la distribution du personnel de l'Air Force, un important poste administratif. Dans le Journal de la section française de la 1st Tactical Air Force, à la date du 20 janvier, il est mentionné que suite au départ du général Royce, ce dernier demande au général Bouscat de donner son avis personnel sur le bombardement de Royan au général Spaatz et Bouscat répond "qu'il est entièrement d'accord avec le général Royce" et va voir immédiatement Spaatz pour le lui dire. Très nettement Bouscat ne tient pas Royce pour responsable de la destruction de Royan et est persuadé que Larminat et Corniglion-Molinier ont bien donné leur accord; même s'il n'a pas assisté à la réunion avec Larminat, il a eu un entretien avec Corniglion-Molinier deux jours plus tard.
Bien que le général Juin ait estimé qu'une part des responsabilités incombe au commandement français, nos généraux ne sont pas sanctionnés. Le général de Gaulle peut difficilement écarter Larminat juste avant l'attaque qui doit donner une victoire à la France sur le sol national, surtout quand il commence à mettre au pas ces troupes F.F.I. trop révolutionnaires au goût du ministère de la Guerre et du gouvernement. Et Larminat tient à conserver Corniglion-Molinier auprès de lui en vue de l'attaque imminente sur Royan. L'état-major de la RAF a trop bien fait son travail et craint d'être tenu pour responsable dans cette "lamentable" affaire. Sir "Bomber" Harris estime qu'il aurait mieux fait de garder ses bombardiers au sol et d'utiliser des bombes moins puissantes afin de réduire les pertes. Larminat ayant le soutien des autorités françaises, la RAF classe rapidement cet "incident". Pour elle la responsabilité est partagée entre Américains et Français qui font tout ce qu'ils peuvent pour refuser d'admettre leur erreur ou leur négligence. Comme nous l'avons vu, la responsabilité est bien partagée.
Les Français ont demandé un bombardement massif de la forteresse royannaise sans jamais attirer l'attention sur la population et déclaré, au mépris de toute vérité, qu'après le 15 décembre tous les civils seraient évacués. Les Américains, trop sûrs de cette déclaration n'ont rien fait pour s'en assurer. Français et Américains sont responsables de l'imprécision des objectifs, jamais définis par écrit lors d'une réunion hâtive et mal préparée.
Larminat protestera toujours, sans convaincre personne si ce n'est l'état-major français, qu'il n'est pas responsable de cette tragique erreur laquelle, pour lui, résulte d'une méprise inexplicable entre la Coubre et Royan. Cette fable n'a rien à voir avec la réalité. Robert Aron en invente un peu plus, pour lui les bombardiers partis pour bombarder l'Allemagne sont déroutés, en raison du mauvais temps, sur la Coubre, mal localisée par quatre balises lumineuses que le vent, soufflant en tempête, fait dériver au-dessus de la ville de Royan.
Curieusement le général de Gaulle, sans la moindre référence aux morts du 5 janvier, met tout le blâme dans ses Mémoires sur les Américains en écrivant:
Il est vrai que les bombardiers américains étaient venus, de leur propre chef, jeter en une nuit force bombes sur le terrain. Mais cette opération hâtive, tout en démolissant les maisons de Royan, avait laissé presque intacts les ouvrages militaires.
Inutile d'insister sur la violente colère que suscite ce bombardement chez les Royannais dont beaucoup, réfugiés hors de la poche, n'apprennent la triste réalité que des semaines après et garderont à Larminat une solide et tenace rancune. Les Bordelais l'accusent eux d'avoir fait bombarder Royan afin de se faire conférer une nouvelle étoile, et Michel Braudeau estime ce crime inutile conçu par des généraux ivres !
Visuel : D.R.
Bombardement et libération de la poche de Royan
Marie-Anne Bouchet-Roy
Visuel : D.R.
Royan bombardée
Interrogations et controverses
Visuel : D.R.
Le bombardement de Royan
5 janvier 1945