Depuis que la photo existe, il y a un Bourdier photographe. Alexandre, Léon, Édouard qui, le premier, vint s'installer à Royan pendant la Seconde Guerre mondiale. Suivra son fils, Pierre. Aujourd'hui, deux de ses enfants Frédéric et Jean-Paul poursuivent la tradition dans d'autres contrées.

À l'origine installé dans une villa du Parc, Glaneuse, le studio Bourdier ouvrit deux boutiques ayant pignon sur rue. L'une sous les arcades du front de mer, l'autre à quelques pas de la plage de Pontaillac. Comme les autres photographes royannais de cette époque, les Dumont, Lemoine, Marcou… Édouard et Pierre Bourdier furent prolifiques. Aussi bien dans l'exercice classique du portrait – quelle vieille famille royannaise n'a pas sa photo d'enfant signée Bourdier ? – que dans le témoignage d'une époque.
Un travail de fourmi
Les Bourdier vont immortaliser l'après-guerre. La Reconstruction et son cortège d'événements festifs, consolation des années noires. Dans le fonds Bourdier, on trouve pléthore de photos de sportifs, de photos de mariages, de communiants en procession autour des églises, des bals au Palais des congrès mais aussi les exquises esquisses du front de mer, du boulevard Briand, d'une ville en train de renaître. Décor moderne à la Jacques Tati où subsistent les vieux schémas de l'organisation sociale provinciale. Le contraste est parfois cocasse, souvent touchant.

Tous ces trésors sont restés à l'état de négatifs dans une cave pendant plus de cinquante ans. C'est l'un des fils de Pierre Bourdier, Édouard, qui a découvert la mine :
« À la cave du labo, il y avait un énorme placard que je devais vider. Les clichés attendaient ici depuis un demi-siècle. Très vite, j'ai réalisé que le travail serait gigantesque et j'ai décidé de les confier à Pierre-Louis Bouchet. Je savais qu'il serait l'homme de la situation pour les magnifier et les archiver. Cela représente beaucoup pour notre génération et j'espère pour les jeunes. En tout cas, notre rôle est de transmettre pour ne pas oublier. »
Edouard Bourdier
De nombreux clichés du studio Bourdier font revivre les hauts lieux de la vie royannaise au sortir de la guerre. Les grands hôtels, la piscine de Foncillon, le Casino municipal, le Portique, La Grange à Breuillet, Le Neptune, Le Gantier : autant de lieux vibrants d'activités hier et aujourd'hui disparus. Ces photos permettent également de découvrir l'animation intense qui régnait au Palais des congrès alors qu'il s'apprête à retrouver vie suite aux travaux de réhabilitation qui vont lui redonner sa superbe…
SOURCE Nathalie Daury-Pain - Sud Ouest Publié le 23/12/202