Le Fâ, quelle aventure !

Alain Bonnifleau

Alain Bonnifleau, Président de l’ASSA Barzan.
éditorial de novembre 2006


Le site gallo-romain du Fâ par les interrogations qu’il suscite depuis fort longtemps et les images qu’il colporte, fait partie de la mythologie estuarienne.

Tamnum ? Novioregum ? Le Portus Santonum ? Un imposant temple circulaire dédié à Mars, peut-être… ; une vaste cité, très certainement portuaire, dont l’étendue n’était guère définie avant les photographies aériennes de Jacques Dassié.
Combien, aux abords de la ferme ont parcouru les champs environnants qui livraient un riche mobilier archéologique ? Combien se sont arrêtés face au podium massif du temple, s’interrogeant sur la destination du monument ?
C’est en 1993 seulement que certains de ces curieux ont profité d’une exposition à la mairie de Barzan et d’un accès possible au site. Ainsi naissait l’Association pour la sauvegarde du site archéologique de Barzan, l’ASSA Barzan sous la présidence d’un homme passionné, Raymond Lalay. Nous avons tenu le pari d’ouvrir cette même année le site aux visiteurs. Dès le printemps suivant, la Direction régionale de l’Archéologie confiait à l’un d’entre nous, Robert Baupoux, archéologue, la responsabilité d’une fouille préventive sur l’emplacement du futur parking. Auspices favorables qui conjuguaient ainsi notre double ambition : promouvoir la recherche scientifique et le développement touristique sur le site.
L’année suivante, sous la direction de Pierre Aupert, Maître de recherches au CNRS, s’ouvraient sur le sanctuaire des fouilles programmées. Sans interruption, les chantiers se sont succédés, toujours dans le périmètre du sanctuaire, puis sur les thermes, les entrepôts, la voirie et des secteurs d’habitations. Ainsi, depuis une décennie, se côtoient au Fâ les Universités de Bordeaux et La Rochelle, avec Alain Bouet et Laurence Tranoy, et l’archéologue départementale, Karine Robin.
La fibre pédagogique vibrait chez certains d’entre nous. Nous avons donc tenté de mettre à la portée des néophytes ces recherches et de faire de ce site un lieu d’Histoire vivante. Ont été rapidement mis en place :

  • un accueil des visiteurs par des guides expérimentés ;
  • un accueil des scolaires avec des ateliers pratiques d’initiation à la fouille, d’observation et de manipulation ;
  • une muséographie qui guide le public sur les pas de l’archéologue et s’inscrit dans un site en devenir.

Toujours dans cette volonté de promouvoir l’Histoire vivante, nous œuvrons pour retrouver, lors de moments festifs, un patrimoine souvent négligé : les gestes et les savoir-faire de l’Antiquité. Un tel site, dominant l’Estuaire, nous a aussi conduit par le conte, la poésie et l’humour à nous adresser à l’imaginaire des hommes et lors de soirées d’astronomie, à scruter le ciel, séjour des divinités primordiales. Depuis septembre 2005, la réalisation du musée, la réhabilitation des thermes et les futures étapes de la valorisation prévues par le Syndicat mixte, (structure composée du Conseil Général et de la municipalité) devraient ouvrir de nouvelles perspectives.
La dynamique associative, qui se développe sur le site et en réseau à partir de celui-ci, nous conforte dans nos projets et réalisations. Autant dire qu’un vent d’enthousiasme souffle sur le Fâ ! Laissons donc passer sur les rives estuariennes quelques «galères», et retenons les lourds navires marchands chargés d’amphores qui ont dû faire la richesse de la ville portuaire antique.

 
Moulin du Fa
 

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