° 07/10/1930 ; Châtenay-Malabry
† 30/05/2022 ; Saint-Georges-de-Didonne
† 30/05/2022 ; Saint-Georges-de-Didonne
Décédé le 31 mai 2022 à l'âge de 91 ans, il avait à l'été 2021 accueilli ses fans dans un musée éphémère à Saint-Georges-de-Didonne. Cette personnalité indissociable de la commune saint-georgeaise a laissé un grand vide. Nous republions l'article paru à l'époque
Il a bercé des générations de lecteurs de « Pif Gadget » avec ses deux personnages Placid et Muzo. Le dessinateur Jacques Nicolaou s'est éteint à l'âge de 91 ans ce lundi 30 mai, à 19 heures. S'il était né le 7 octobre 1930 à Châtenay-Malabry, c'est en Charente-Maritime, à Saint-Georges-de-Didonne, qu'il avait trouvé son petit paradis depuis plusieurs dizaines d'années.
Travailleur acharné
Ses personnages ont fait les beaux jours pendant de nombreuses années de « Vaillant » puis du « Journal de Pif », de « Pif Gadget », « Les Rois du Rire ». Travailleur acharné, bricoleur, génie de la trouvaille, Jacques Nicolaou a inventé pour le journal « Vaillant » un certain nombre de gadgets qu'il construisait à partir de bouchons, de bobines de fil, de boîtes de camembert et d'objets de récupération.
Le dessinateur ne manquait jamais d'idée pour faire plaisir à ses fans. À l'été 2021, il avait organisé un mini-musée à la gloire de ses deux héros dans une ancienne boucherie de Saint-Georges-de-Didonne. L'occasion de se remémorer des souvenirs d'enfance. Assisté de sa fille Béatrice, Jacques Nicolaou avait savouré ce moment. Très apprécié par ceux qui le connaissaient, le Saint-Georgeais va laisser un vide.
Source Sud-Ouest du 30/05/2023 - Par Stéphane Durand et Denise Roz
Source Sud-Ouest du 30/05/2023 - Par Stéphane Durand et Denise Roz
Dans sa semi-retraite Saint-Georgeaise, Jacques Nicolaou s'est reconverti à l'aquarelle.
Amoureux fou des deux Charentes, il parcourt la région avec son appareil photo. Une fois mise en boîte, l'image est redessinée d'un coup de crayon de pro. Puis le sujet est retracé au pinceau avec une minutie d'horloger. Le résultat est surprenant par la qualité des coloris qui apparaissent sur le chevalet. La technique est peu courante mais efficace. Nicolaou respecte intégralement le paysage et ses détails. C'est ce qui fait sa particularité en tant que peintre.
Jacques a fermé définitivement les yeux mais rien ne nous fera oublier son regard malicieux éclairé par un sourire espiègle. Car le dessinateur a gardé une âme d'enfant savamment entretenue par un rendez-vous quotidien avec deux personnages qui ont amusé et enflammé l'imaginaire de millions de gamins.
Placid et Muzo créés par Arnal qui a eu le "Pif"et la bonne idée de lui confier.
L'ours gourmand et paresseux et le renard sérieux et futé resteront entre ses mains pendant plus de 60 ans! À l'heure du café à coups de crayons affûtés, il les faisait enaitre accompagnés de gags où Jacques avait l'art et la manière de transformer le quotidien banal de ses héros en univers certes kafkaïen mais toujours teinté d'une touche de tendresse et de poésie.
Tout était source d'inspiration pour imagination en fusion permanente. Deux exemples au hasard. Partis visiter tous les deux les moulins de Saint-Germain-de-Vibrac en Haute-Saintonge, nous sommes revenus à quatre car le lendemain Placid et Muzo en deux traits de crayon devenaient meuniers....Quand j'ai emmené Jacques voir un match de basket, Muzo s'est retrouvé coincé dans un panier de basket sous le regard amusé de Placid. Son travail était le fruit de la passion et d'un don repéré par un directeur d'école qui lui avait lancé. "Toi petit tu feras quelque chose dans le dessin".
Sans le savoir cet homme avait allumé en lui une flamme qui ne s'éteindra jamais. Inutile déjà de chercher un pseudo ! Nicolaou ...Ce nom magnifique n'était-il pas déjà une invitation à le voir parapher au bas d'une page de bande dessinée ? Je pourrais parler aussi de Tib un petit Panda qu'il a créé, de ses inventions (ah le couteau de Rahan)pour Pif gadgets testés par Béatrice, sa fille adorée sous le regard bienveillant de son épouse.
Difficile d'aborder la vie de Jacques sans parler de sa passion pour les chats qu'il a peints avec le même savoir-faire que les paysages de cette Charente-Maritime qu'il aimait tant. Son talent n'a été dépassé que par la gentillesse, la générosité et la modestie qui le caractérisaient. Comme beaucoup de dessinateurs de BD, Jacques vivait et travaillait dans sa bulle sans se rendre compte de l'impact que ses dessins avaient. Le succès de ses séances de dédicace l'émerveillait lui l'homme discret. Peu avant son décès une lettre d'un admirateur est arrivée à son domicile. Jacques était déjà à l'hôpital. Lorsque Béatrice lui a lu le courrier son visage s'est illuminé chargé d'émotion. Nous allons emboîter le pas de ce lecteur pour remercier Jacques de nous laisser le plus beau des talents : le talent du cœur!
Patrick Glâtre
Jacques Nicolaou est décédé en 2022, quelques jours avant avant la parution de ce livre-hommage.